12 Principes Bwa Kayiman en héritage à reconnaître et se réapproprier


                    

12 Principes Bwa Kayiman relève les bases rigoureuses d'autodétermination et les valeurs traditionnelles préservées du peuple d'Ayiti.

Ces valeurs ont conduit à l'impressionnante révolte organisée avec succès, par des hommes, des femmes et des enfants de l'île de Kiskeya pour obtenir l'autonomie et l'autodétermination pour toutes et tous.

La résistance moderne des peuples de Meritah (communément appelé Afrique en ces temps modernes) mets en lumière dans toute la diaspora, la continuité des bases rigoureuses d'autodétermination et des valeurs traditionnellles préservées du peuple d'Ayiti, d'où les 12 Principes Bwa Kayiman sont relevés, et de tous les descendants de Meritah.

Ce texte, 12 Principes Bwa Kayiman que nous avons choisi de partager comme principe sacré en Haiti, a été écrit en 2009 par Pierre Michel Chéry.

Nous considérons que 12 Principes Bwa Kayiman nous présente un puissant héritage à reconnaître et se réapproprier. Ce texte est aussi publié ailleurs sur le web, Le Monde du Sud // Elsie News, par exemple. 

Comment 12 principes Bwa Kayiman a vu le jour et quelle est sa valeur fondamentale aujourd’hui?  

Comment 12 principes Bwa Kayiman peut soutenir notre capacité de solidarité vers une vision commune soudée à la même base d'autodétermination fondée en puissance d'amour, joie, respect, force d'intégrité, justice et dignité pour toutes et tous?

Peut-on croire que 12 principes Bwa Kayiman peut cimenter une mise en commun concertée en synergie de présence totale aujourd'hui?

Je crois que nous avons un intérêt fondamental à reconnaître et revendiquer les valeurs intrinsèques à 12 principes Bwa Kayiman comme base de tremplin, pour mieux embrasser l'héritage fondamental de notre vie sur cette planète.

Ouvre-toi à cette exploration. Pose tes questions. Partage tes pensées. 

L'important est de faire preuve de respect réciproque et d'intégrité de nos pensées dans nos échanges. 

Clique ici pour accéder à l'espace dédié à ton partage, tes questions et pensées, sur ce 12 Principes Bwa Kayiman

12 Principes Bwa Kayiman - Introduction

Si une personne veut comprendre la société haïtienne en profondeur, elle ne peut faire fi des traditions du pays.

La majorité des esclaves qui se sont révoltés de 1791 à 1804 ne savaient pas écrire. C'est en communiquant de bouche à oreille qu'ils se sont entendus sur les différents lieux où ils devaient se rencontrer. C'est aussi de bouche à oreille qu'ils ont échangé à propos de ce qu'ils faisaient pour se soustraire du système esclavagiste.

En réfléchissant sur ce dit système, ils ont cerné leurs différences. En identifiant les différentes possibilités que la vie pouvait leur offrir, ils ont choisi leur orientation, leur propre voie, celle qui les menait dans une direction autre que celle des colons.

Ces réflexions leur ont permis de construire leur propre vision de la vie, vision diamétralement opposée à celles des colons. 

En analysant la population du pays au cours de la période coloniale, nous avons identifié plus de 100 groupes d’esclaves différents. Ceux-ci se présentaient en nations ou tribus.

Le premier facteur qui unifia la masse des esclaves fut les conditions d’exploitation et de déshumanisation qu'ils subissaient au sein de la société esclavagiste. 

Le deuxième facteur qui créa l’unification fut l’impossibilité pour les esclaves d’envisager la vie à la manière des colons.

Nous le répétons. C’est en déterminant qu’ils ne pouvaient concevoir la vie ni percevoir le cosmos de la même manière que le colon blanc, que les esclaves ont entrepris des démarches pour se soustraire du système esclavagiste.

Les esclaves marrons représentaient la conscience avancée de leurs paires à ce moment-là. Cette démarcation signifia que l’idéologie des blancs (christianisme, Européen, racisme) n'a pas de prise sur le cerveau des gens qui s'écartent des croyances des blancs.

Le mouvement de révolte initial s'est fait dans le cerveau des marrons qui ont préféré vivre dans les montagnes plutôt que d’accepter les conditions du système esclavagiste. 

De nombreux principes de vie des haïtiens et de nombreuses règles d'organisation quotidienne, proviennent de la façon dont les esclaves se sont distancés du système esclavagiste durant la période d'esclavage avant même le soulèvement de l’année 1791.  

La guerre militaire fut déclenchée dans toute sa vigueur en 1791, mais la guerre de conscience idéologique a pris naissance dès la construction du premier Peristil (temple vodou) dans la colonie.

À partir de ce moment, les marrons prennent leur distance de la vision des blancs. Cette démarche les portera à développer leur propre vision en tout ce qui concerne leur vie de personne à part entière. 

Nous avons recueilli 12 des plus importants principes qui subsistent dans la tradition haïtienne, pour démontrer la base idéologique qui a propulsé au Bwa Kayiman ainsi que la vision de la vie qui se discutait au cours de la cérémonie du Bwa Kayiman.

Les 12 Principes Bwa Kayiman sont 12 réponses directes, 12 réponses qui se dégagent des idées qui circulaient, à l’époque, sur la façon dont les esclaves devaient vivre. 

Bwa Kayiman compte plus que 12 principes. Chaque haïtien est en droit de choisir les principes qu'il juge plus importants que ceux que nous présentons.

Au-delà, tout héritier de l'impulsion du Bwa Kayiman doit agir en compétence et faire valoir face à l'humanité, la vision qui a motivé un groupe d’esclaves, par un mouvement concerté de révolte, à vaincre la vie infernale de la colonie dans un ébranlement implacable.

Aujourd’hui encore en 2009, nous subissons les soubresauts de ce cri de révolte.

Le premier des 12 Principes Bwa kayiman sert de base à quel que soit le principe qui suivra. C'est le commandement #1.

Premier Principe :

Toute personne est une personne. Aucune personne n'en est une plus qu'une autre.

Ce principe est le plus important de tous les principes qui ont mené à, proviennent de, Bwa Kayiman.

On se rappelle que depuis que Christophe Colomb s'est permis l'appropriation de la terre des indigènes en 1492, l'occident a inventé plus d'une théorie pour classer les gens d'après leur couleur.

Quand un marron se réfugie dans les montagnes, le colon le proclame paresseux.

Cette idée était tellement puissante durant la période coloniale que personne n'admettait que c'était parce que le marron croyait toute personne une personne et qu'aucune personne n'en est une plus qu'une autre, qu'il refusait de s’assujettir aux conditions de l'esclavage.

Ce principe qui est né du combat contre l'esclavage a traversé les temps (plus de 200 ans) pour être à notre portée aujourd'hui.

Ce principe est devenu l'un des proverbes le plus utilisé par les haïtiens pour dénoncer les mauvais traitements et mépris des gens, peu importe où ils vivent.

Dans la plupart des sociétés à travers le monde, c'est à partir des péripéties, difficultés, luttes et à tour de rôle que les gens admettent ce principe : "Toute personne est une personne. Aucune personne n'en est une plus qu'une autre".

Deuxième principe

Toute personne a sa place sous le ciel bleu

S'il n'y a qu'un principe directement lié aux traditions issus de Bwa Kayiman, c'est celui que Toute personne a sa place sous le ciel bleu.

D'après le professeur Dyengele, les traditions rapportent qu'au moment de la cérémonie du Bwa Kayiman, les représentants des esclaves et des marrons à la tête du mouvement, ont demandé que chaque nation ayant des enfants devenus esclaves, envoie un représentant à la rencontre qui se tenait. Toutes et tous se devaient d'être là, personne ne devait être oublié. C'est cette leçon que nous retirons du deuxième des principes Bwa Kayiman.

En Haiti, ce témoignage demeure vivant comme salutation à chaque nation africaine qui a foulé la terre du pays, au commencement de toutes les cérémonies vodou.

Troisième principe

S'il y a pour une personne, il y en a pour deux. Pense au suivant.e

 Est-ce que ce principe est issu de Bwa Kayiman? Peut-être pas.

Ce dont nous avons la certitude, est que c'est un principe des plus vivant dans la pratique quotidienne de l'art de vivre, entre les familles et leur voisinage partout dans le pays.

La philosophie de ce principe nous enseigne que la terre est là pour toutes et tous car toute personne à sa place sous le ciel bleu. Pour bien vivre sous ce ciel bleu,  il faut se rappeler de ne pas oublier ceux qui suivent avant d'empiler en stock.

Quatrième principe

Chaque personne a sa façon de prier. Respecte la façon de prier de chaque personne.

Ce principe est la base d'une nouvelle civilisation qui émerge dans l'espace que les marrons ont reconquis pour vivre leur liberté comme tout être humain, en toute dignité.

Ce principe s'accompagne d'une méga démarcation méthodologique radical, sans pareille, entre deux systèmes idéologiques.

Pourquoi cette démarcation est-elle radicale? 

En occident, comme dans d'autres civilisations, il peut y avoir plusieurs courants idéologiques quant aux rapports entre les gens et l'univers, surtout en lien avec Dieu. Même s'il existe plusieurs courants, chaque courant, chaque milieu, chaque groupe tend à oublier que les compréhensions se forment  par l'imagination quant aux mystères de la vie non élucidés encore. On oublie que les explications sont trouvées dans le cours de la vie, la culture, les expériences et l'environnement. Aussi, chaque courant se croit seul détenteur de la vérité.

On peut remarquer que chaque fidèle d'une religion va énoncer: "Ma religion est la meilleure".  Lorsqu'un courant ne peut étouffer l'autre, il prend les armes pour s'en assurer.  Dans l'espace des civilisations, la Mienne est la Meilleure (chrétien, musulman), il n'y a pas de respect pour la différence. En conséquence les gens s'entre-tuent à ne plus finir en prenant Dieu à partie.

Une autre raison de cette radicale démarcation?

Chaque courant de civilisation la Mienne est la Meilleure déclame que la seule vraie vérité est la leur. Ainsi, la vie ne peut être que bataille entre deux clans: le clan de la vérité contre celui du mensonge, le clan de Dieu contre celui de Satan, le clan de la lumière contre celui de la noirceur. Ces civilisations de la Mienne est la Meilleure s'arrogent le droit de condamner toutes civilisations qui ne cadrent pas avec leur vérité de la Mienne est la Meilleure. Ils ne peuvent imaginer que d'autres civilisations conçoivent la vie d'une façon qu'ils n'ont jamais connue. C'est cette mega démarcation que Bwa Kayiman démontre.

Si Bwa Kayiman n'avait pas rejeté ce principe de la Mienne est la Meilleure, aujourd'hui les descendants d'une ethnie africaine affronteraient les descendants d'une autre ethnie parce qu'une voit la vie de façon différente de l'autre.

Bwa Kayiman a mis en commun les différentes croyances des esclaves au lieu d'en faire une supérieure aux autres, en inventant son propre outil de méthodologie. Cet outil a permis de créer une matrice où quelque soit la tradition africaine, présente ou pas au Bwa kayiman, elle peut s'intégrer sans qu'elle soit combattue pour être étouffée. Les gens de la vallée de Jacmel connaissent l'histoire de Bonne Santé, les gens de Mawouj Nòdwès connaissent l'histoire de Mawometan...

Sous cette logique fondamental, Bwa Kayiman rejette la logique de l'un contre l'autre (exclusion: mettre les gens à part) pour faire avancer la logique de l'un plus l'autre (inclusion: faire place pour toutes et tous).

Ce sont ces choix depuis Bwa Kayiman, qui permettent qu'un haïtien sert les loas et prend la communion sans avoir le sentiment de mériter d'aller en enfer pour cela. Avec cette logique, il n'y a aucun besoin pour un héritier de Bwa Kayiman de claironner la Mienne est la Meilleure, encore moins de persécuter une autre personne pour sa croyance.

Selon les traditions du pays, chaque nation africaine ayant un descendant dans le pays laisse un héritage pour tous les enfants du pays. On peut le constater dans la façon dont le vodou positionne les loas, qui ont traversé la mer avec les africains dans les cales de bâtiments, en les mettant en harmonie les uns avec les autres (selon leur compréhension du rôle de chaque loa dans l'espace que chacun occupait en Afrique).

Ce principe constitue notre matrice pour une nouvelle civilisation.

Ce principe s'accompagne d'une nouvelle conception de nos rapports avec Dieu. La seule façon pour une personne de juger une religion est selon son propre niveau de satisfaction. Cette conception ne s'accorde pas avec la logique des civilisations la Mienne est la Meilleure. 

Cinquième principe

Ce qu'on ne connaît pas est plus grand que soi

Un principe d'humilité face à ce que nous ne comprenons pas. Un principe de respect pour la façon de vivre d'autres personnes, respect pour d'autres façons de comprendre la vie même si elles sont à l'opposé de ce dont on est habitué.

Beaucoup de phénomènes dont on entend parler (est-ce que les jumeaux hypnotisent les gens?), peuvent être possible dans une civilisation et impossible dans une autre. Personne ne peut affirmer connaître tout ce qui réglemente et active l'univers. La façon dont chaque être vit, quelque soit l'époque, quelque soit le lieu, est une parmi un nombre incalculable d'expériences qu'une civilisation peut faire.

Au Tibet dans le Nord de la Chine, les moines des monastères bouddhistes ne pouvaient imaginer qu'existe une règle de la nature pour permettre de faire monter l'eau de la vallée au sommet des montagnes. Aussi, en Haiti, beaucoup de gens peuvent être surpris d'entendre que des guérisseurs et des houngans ont l'habileté d'arrêter une grossesse et la faire continuer normalement ensuite. Nous pouvons chercher à comprendre, mais ne pouvons affirmer que cela ne se peut pas. Nous pouvons seulement admettre qu'un très grand nombre de toutes les possibilités de l'existence ne nous est pas familier.

Un mot super important qui existe dans la société haïtienne est "pwofonde", conquérir la connaissance. Les classes dominantes s'évertuent à ce que la connaissance ne se répande pas dans le pays. Depuis 1950, par exemple, la science admet que la langue maternelle est le meilleur outil d'apprentissage. En Haiti, tous les responsables de l'éducation le savent. Cependant, ces responsables préfèrent aliéner les gens en les faisant répéter comme des perroquets des leçons de français qu'ils ne comprennent pas. Une des raisons facilement évoquée est: "Quand une personne quitte le pays, que fera-t-elle du créole?". C'est ainsi dire que la société prépare les gens à quitter le pays.

Il faut aussi reconnaître que le mot "pwofonde" est lié au mystique, à cause de l'importance que la société haïtienne accorde au mystique avec le vodou. Dans l'épistémologie vodou, nous trouvons que certaines connaissances sont réservées uniquement aux initiés, aux degrés d'avancement. L'épistémologie est une branche de la philosophie qui étudie les rapports avec la connaissance à une époque ou dans une société donnée.

En ouvrant le cinquième principe à toutes les haitiennes et tous les haitiens, nous élargissons la portée du mot "pwofonde" pour découvrir que les haitiennes et les haitiens doivent "pwofonde" toute les questions de la vie, dans la recherche de la connaissance.

Sixième principe

Il n'y a rien dans la vie qui n'a pas de loi. Ce sont les lois de la nature qui font l'équilibre de la vie.

Albert Einstein a découvert la loi de la relativité générale en 1905. S'il y a une loi de la relativité générale c'est parce que tout ce qui existe dans l'univers s'active l'un par rapport à l'autre, la force de l'un agissant sur l'autre pour que l'un attire l'autre ou l'un repousse l'autre.

C'est par la gravité avec laquelle la force d'un élément réagit à la force d'un autre que l'univers s'équilibre. En se mesurant continuellement l'un à l'autre, ces forces peuvent changer le sens de cet équilibre. Depuis que la science a donné raison à Einstein, les savants ne cessent de chercher à découvrir une formule mathématique qui servirait à quelque soit la situation. 

Avant la découverte d'Einstein de la théorie de la relativité générale, le principe de l'équilibre général était déjà évident dans chaque "vèvè" tracé sous un péristyle dans le pays. L'équilibre entre les forces est une exigence de tout "vèvè", peut importe la raison pour laquelle elle est tracée. Plusieurs détenteurs de savoir affirment que les "vèvé" que l'on trace dans les péristyle viennent de l'héritage des indiens.

Si les vèvè viennent de l'héritage des indiens, cela signifie que dès ce temps, ils avaient déjà compris que l'univers dépend de l'équilibre entre les éléments qui en font partie. Le principe de l'équilibre avait déjà été adopté dans leur réalité.

Les civilisations qui veulent respecter l'harmonie entre les gens et leur environnement, l'univers, doivent adopter le principe de l'équilibre de l'univers pour la vie dans leur société.

Septième principe

Ne défait pas l'équilibre de la vie sans raison. Toute personne qui déplace inadéquatement les éléments ramène ses revers vers toutes et tous. 

Qu'est-ce que cela veut dire?

Cela veut dire: Toute personne doit savoir qu'elle ne doit pas désamorcer l'équilibre de la vie, qu'elle ne doit pas désamorcer l'équilibre de l'univers.

Défaire ces équilibres amène des revers sur toutes et tous, même sur la personne qui est responsable de ces déséquilibres. L'équilibre reviendra avec les revirements entre les éléments suite à leurs bouleversements.

Quand l'équilibre est atteint, cela prend beaucoup de frictions et de collisions pour que les forces qui portent les éléments se réalignent. Personne ne peut prédire les résultantes de ces bouleversements. Les éléments connus avant les bouleversements peuvent disparaître et d'autres peuvent apparaître.

La situation de bouleversements que vit Haiti ressemble à un équilibre défait où les forces cherchent à se réaligner. Que ce soit l'orgueil d'une personne qui est blessé pour rien, que ce soit un arbre qui a été mal coupé, que ce soit un savant qui a inventé une bombe, il y a un équilibre qui est défait. Personne ne peut prédire le temps que cela prendra pour que ceux qui suivent puissent reconstruire les équilibres.

Huitième principe

Plus nous apprenons, plus nous comprenons comment respecter l'équilibre de la vie.

Ces trois derniers principes sont liés au cinquième. Un même principe se présente sous trois formes. Ils se présentent sous trois formes pour formuler une insistance. Toutes et tous doivent les connaître. Ces principes demandent de porter attention aux réalités de la vie de (à questionner) toute société qu'elle soit riche ou pas. Si on regarde tous les dégâts que l'humain fait par rapport à son environnement, en Haiti ou ailleurs, on peut comprendre que les gens de vision qui ont fourni ces principes savaient réfléchir, savait percer les profondeurs.

Les difficultés de la vie nous obligent à comprendre la nécessité d'aller dans les profondeurs de la connaissance des règles qui commandent la vie humaine et l'univers. La vie humaine est étroitement liée au rythme de l'univers.

Tout comme la situation des marrons devant les défis de l'esclavage, les situations difficiles que vivent les haïtiens aujourd'hui exigent qu'ils suivent l'exemple des marrons. Ces marrons sont allés dans la profondeur philosophique de la vie pour trouver la voie de sortie de l'enfer de l'esclavage.

En 1791, les marrons ont pris les dispositions nécessaires pour tracer un autre modèle de vie. En 2009 la plupart des haïtiens choisissent d'attendre l'aide et les miracles de Dieu. La société se désagrège avec une mentalité d'attente, d’assisté et de défaitiste qui ne montre à personne comment tout le monde peut être nourri, comment tout le monde peut travailler. On ne parle même pas de la recherche de l'équilibre.

L'équilibre nécessaire à l'harmonie peut être établi à l'intérieur de la société.


Neuvième principe

 N'oublie jamais!

Pourquoi les haïtiens doivent être attentifs et ne jamais oublier? Le principe de Souvenance.

En 1793, Toussaint a obligé la France a proclamer la liberté générale de tous les esclaves de quelque soit la colonie française. En 1802, Napoléon Bonaparte en tant que Premier Consul français a envoyé 55 000 soldats pour remettre l'esclavage dans les colonies (Saint-Domingue, Martinique et Guadeloupe). Ils n'ont pas réussi à remettre l'esclavage à Saint-Domingue, mais ils l'ont remis dans les îles de la Martinique et de la Guadeloupe.

Quelle leçon les anciens esclaves ont-ils apprise de la tentative de Napoléon Bonaparte?

La plus grande leçon que la première génération d'haïtiens nous ont laissée en est une politique et sociale:

"Il n'y a aucun fief qui est là pour toujours. Nous devons toujours être attentifs. Nous devons toujours être sous nos gardes car, le jour où nous oublierons, le jour où nous serons en position de faiblesse, les forces que nous avons combattus se rabattrons sur nous, tant qu'ils le pourront."

Quel est le rapport entre ce principe et les haïtiens de 2009?

Les Principes Bwa Kayiman proviennent de l'enfer de la colonie, d'où leur puissance. Pour que les marrons puissent éliminer cet enfer, ils devaient aller en profondeur dans la philosophie de la vie et en sortir ces principes. Ce sont ces principes qui ont redonné aux esclaves leur dimension de femmes et d'hommes. Une dimension que le système esclavagiste reniait. Les Principes Bwa Kayiman se distinguent de la philosophie de la vie des européens de cette époque (blancs, racistes, la Mienne est la Meilleur, déshumanisants).

Malgré les progrès de l'humanité, les Principes Bwa Kayiman sont toujours paroles de revendications actuelles car, on ne les admet pas dans toute les sociétés de la terre. S'il y a des sociétés qui ne les reconnaissent pas c'est qu'il y a des forces dans ces sociétés qui rejettent ces valeurs intègres.

Les héritiers de ces principes ont l'obligation de respecter, honorer, vénérer les grands êtres qui ont trouvé le moyen de nous soustraire d'un système qui empilait les gens parmi les bêtes. Si les héritiers oublient, les civilisations de la Mienne est la Meilleure ont d'autres armes pour déshumaniser les femmes et les hommes comme au temps de la colonie.

Dixième principe

Rappelle-toi toujours: le fer croise le fer; au-delà des montagnes il y a des montagnes; ne fais pas couler le sang des innocents; ne fais pas confiance aux inconscients.

Ces règles sont en liaison pour nous aider à vivre dans l'harmonie.

Il n'y a pas de force sans faiblesse; Il n'y a pas de force qui n'a pas de force plus grande à rencontrer. Fais en sorte que ta raison t'appartient toujours.

Il y a des gens qui disent: "Ce que tu fais sur la terre, tu le paieras au ciel."

Il y a d'autres gens qui disent: "Ce que tu fais sur la terre, tu le paies sur la terre."

Il y en a d'autres encore qui ne respecte rien de la vie... Ils consomment sans se préoccuper de ceux qui suivront et qui paiera.

N'oublie jamais que tu ne peux demander autre chose aux inconscients que de se laisser vivre...

Onzième principe

Sois vigilant! Les ennemis de Bwa Kayiman se présenterons sous différents noms, sous différents statures, pour la vengeance.

Même si Napoléon Bonaparte n'est plus là pour essayer de remettre le système esclavagiste dans le pays, même s'il est impossible qu'il y ait retour de l'esclavage sur la terre d'Haiti, cela ne veut pas dire que les racistes n'ont pas d'autres moyens pour prendre vengeance.

Le premier moyen qu'ont les racistes pour tirer vengeance est l'échec de la société haïtienne à résoudre ses problèmes.

Le tableau d'échec des haïtiens donne prétexte aux blancs et des armes aux racistes pour critiquer l'expérience de 1791-1804.

Le plus fort est qu'à l'intérieur même du pays, il  y a ces histoire de Campagne anti-superstitieuse, campagne de rejet, déraciner Bwa Kayiman, Erzulie est Jezabel, Remettre le pays à Jésus. Toutes ces histoires sont des tentatives des racistes pour effacer la mémoire de Bwa Kayiman de la vie du peuple haïtien.

L'objectif des racistes est que les haïtiens répètent: "Nous ne voyons pas en quoi Bwa Kayiman nous a été utile! Quelle a été l'utilité de 1804?", comme certains haïtiens disent déjà.

Douzième principe

Malheur à l'héritier qui oublie que les esclaves ont fait Bwa Kayiman pour qu'aucune personne, en dépit de Dieu, soit cantonné en troupeau de bêtes.

En 2009, il existe toujours des racistes sur la terre. Aujourd'hui encore, les descendants des héritiers de 1791, les descendants des héritiers de 1804 payent leurs droits qu'ils ont arrachés des colons afin que personne ne regarde l'autre comme une bête.

Les Noirs de la Martinique et de la Guadeloupe ont attendu plus de 40 ans après les haïtiens avant que les blancs français n'acceptent le leur redonner leur liberté.

Les États-Unis ont établi une barrière idéologique particulièrement pour Haiti afin de  bloquer l'influence de la révolution issue de l'expérience Bwa Kayiman. On doit se rappeler de l'année 1826 où les États-Unis ont fait en sorte qu'Haiti ne soit pas reçu à la première réunion pour les États indépendants du continent de l'Amérique. Les États-Unis ont pris 60 ans pour reconnaître l'indépendance du pays. Il a dû y avoir guerre entre blancs et blancs pour retirer l'esclavage de ce pays. Les Noirs des États-Unis ont dû attendre jusqu'en 1960-1964 pour avoir le droit de vote.

En Afrique du Sud, Mandela a passé 27 années en prison avant que les blancs reconnaissent les droits des noirs...

Malgré tout ces remous, beaucoup de blancs ne pardonnent toujours pas aux haïtiens d'avoir déraciné le système esclavagiste, en premier, dans une petite partie de la terre. Après leur échec en Haiti, les colonialistes sont allés sur d'autres continents, Afrique et Asie, pour répandre leur vision raciste en exploitant les peuples indigènes de ces continents.

Comme des civilisations disparaissent, d'autres naissent. Chaque civilisation a ses propres valeurs et visions de la vie. Dans l'empire romain, l'esclavage a été éliminé au Moyen-Âge.

Lorsque Christophe Colomb et ses colons ont mis main bas sur l'Amérique, Las Casas qui avait le cœur sensible pour les indiens a demandé de ramener des sots nègres noirs d'Afrique. C'est ainsi que des gens prétendant servir Dieu souscrivirent à un crime contre l'humanité pour faire de l'argent.

C'est ce calvaire empreint au fond de l'âme des descendants des esclaves que les blancs racistes, sous couvert de l'évangile, tentent d'effacer de la conscience et de la mémoire des victimes.

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Pierre Michel Chéry, membre de l'Akademi Kreyòl Ayisyen, est un gestionnaire, linguiste et romancier qui fait danser les mots en créole haïtien (hayisyen). Il fait la promotion de la langue et de la culture populaire d'Haiti. Aussi Pierre Michel Chéry contribue à la valorisation de la langue créole par son implication avec les associations REKA (Rezo Kreyolis Ayisyen) et IOCP (International Organization of Creole People). C'est avec mon introduction aux 12 Principes Bwa kayiman que j'ai eu le plaisir de connaître le travail de Pierre Michel Chéry.

Je connais Michel-Ange Hyppolite (Kaptenn Koukouwouj) comme un passionné créole haïtien (hayisyen), lequel nous enracine telle une corde ombilicale. Kaptenn a fait carrière comme professeur de biologie au secondaire. Il est membre de l'Akademi Kreyòl Ayisyen tout comme Pierre Michel Chéry. En plus d'être aussi un écrivain, Kaptenn est critique litéraire et donne des conférences sur la littérature créole haïtienne. C'est en collaborant avec Kaptenn à la mise en page de Zile Nou que l'écriture du créole a pris place dans ma vie. C'est également avec l'appui de Kaptenn que j'ai acquis assez de confiance pour partager avec vous, ici, à l'aise, en créole haïtien (hayisyen), la langue de nos entrailles.



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12 Principes Bwa Kayiman en héritage à reconnaître et se réapproprier

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Je suis Tilarenn Solèy.

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 en garde à l'essence sacrée de nos danses, la puissance du soin de soi vers la conquête de soi, richesse de mieux vivre universel, par notre pleine présence vers l'intégrité de notre équilibre en devenir constant.


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Ta danse en mouvement pleine conscience est pleine présence et puissance de soin de soi à la conquête de soi vers l'intégrité de ton équilibre en devenir constant.

Honneur à Legba! Honneur à nos ancêtres! 

La portée de mon énergie vitale pour nous: agir en mouvement de révolution culturelle incontournable au rythme de danse de respect, clarté et intégrité de notre équilibre en devenir constant à l'infini.

Nous ouvrons les portes. Nous nous aidons à braver toutes les barrières. Nous nous aidons à développer et alimenter des canaux de communication fluide et honnête.

Nous nous aidons vers l'autodétermination de nos communautés croissantes de personnes toujours plus honnêtes, humbles et engagées. 

Nous nous aidons vers l'autodétermination de nos communautés croissantes de gens qui s'activent en porteur de mouvement de révolution culturelle en danse de respect, clarté et intégrité de notre équilibre en devenir constant. 

Nous nous aidons vers l'autodétermination de nos communautés croissantes de gens qui honorent, avec humilité, la puissance du soin de soi vers la conquête de soi.

Nous nous aidons vers l'autodétermination de nos communautés croissantes de gens qui développent toujours plus la pleine présence porteuse des rythmes de l'essence sacrée de nos danses.

Nous nous aidons à être des compagnons de confiance en appui l'un.e à l'autre et plein engagement. Nous nous aidons à nous affranchir de la peur.

Nous nous aidons à maintenir la santé et la richesse de mieux vivre dans la joie fondamentale de voyager aux bons endroits pour mieux apprendre vers l'intégrité de notre équilibre en devenir constant.

Nous nous aidons à ouvrir le chemin pour que nos filles et nos fils soient intègres en cœur et âme, corps, tête et esprit.

Ainsi, nous nous épanouissons et nos enfants vibrent en mouvement de clarté, respect et intégrité de notre équilibre en devenir constant dans l'esprit d'abondance et de durabilité, en héritage.